LES EXCENTRIQUES
ARTHUR CRAVAN - INTRO ET SOMMAIRE
Arthur Cravan
Boxe
Poète et pugiliste

 

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ARTHUR CRAVAN POETE ET PUGILISTE

"J'étais fou d'être boxeur en souriant à l'herbe"

Si le jeune Fabian Lloyd pratiquait la natation et le football pour le plaisir de l'exercice, Arthur Cravan, poète, utilise son corps de "colosse blond" et la boxe comme un manifeste esthétique. Il se veut boxeur par mépris des "sales gueules d'artistes" qui préfèrent l'art à la vie, l'intelligence au tempérament et penser plutôt que sentir.

"Tout le monde comprendra que je préfère un gros Saint Bernard obtus à Mademoiselle Fanfreluche qui peut exécuter les pas de la gavotte et , de toute façon, un jaune à un blanc, un nègre à un jaune, et un nègre boxeur à un nègre étudiant." ("Maintenant" n°4)

Car, selon Cravan, l'art , "à l'état mystérieux de la forme chez un lutteur, a plutôt son siège dans le ventre que dans le cerveau" ("Maintenant" n°4). La première condition, pour un artiste véritable, est donc de savoir courir, nager et, pour le moins, boxer.

Le boxeur, comme l'enfant ou l'animal, vit dans l'état de brute et "quand on a la chance d'être une brute, il faut savoir le rester." Il ne pense pas la Création selon les catégories de l'adulte ou les hiérarchies du civilisé; il la vit. Il ne raisonne pas, il ressent. Il regarde "avec de grands yeux stupéfaits le monde qui est si beau", s'émerveillant pareillement d'un éléphant, d'une locomotive ou de "la beauté diabolique" d'une rose. Il sourit à l'herbe.

Du boxeur au mystique, le pas est vite franchi. Mina Loy évoque ainsi Cravan regardant une feuille: "Son visage était blanc, fixé dans une rigidité d'intention quasi-mystique." ("Colossus")

Boxer, tout comme peindre ou écrire, constitue pour Cravan un moyen d'atteindre à la beauté, à l'universalité, au cosmos.

Mais il applique au "noble art" la même dérision qu'à la peinture ou la poésie. Qui aime bien, châtie bien.

"Je devais lutter sous le pseudonyme de Mysterious sir Arthur Cravan, le poète aux cheveux les plus courts du monde, petit-fils du chancelier de la Reine, naturellement, neveu d'Oscar Wilde, renaturellement, et petit-neveu de Lord Alfred Tennyson, rerenaturellement (je deviens intelligent). Ma lutte était quelque chose de tout à fait nouveau: la lutte du Thibet, la plus scientifique connue, bien plus terrible que le jiu -jitsu: une pression sur un nerf ou un tendon quelconque et ftt! l'adversaire qui n'était pas acheté (rien qu'un tout petit peu) tombait comme foudroyé. Il y avait de quoi mourir de rire: houiaiaiaia! Sans compter que ça pouvait être de l'or en barre. En tout cas ça valait toujours mieux que le truc de spiritisme que j'avais commencé à monter." ("Maintenant" n°5)

Qu'il gagne son titre de champion de France par forfait ou qu'il monte sur le ring à Barcelone pour y jouer avec Jack Johnson une véritable farce ne lui importe guère. Ce qui compte c'est qu'il soit boxeur et poète, multiple comme l'est la Création, et qu'il le soit dans l'âme.

© Emmanuel Pollaud-Dulian
(Paris - octobre 1998)

BOXE

 

 

 
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