LES EXCENTRIQUES
ARTHUR CRAVAN - INTRO ET SOMMAIRE
Arthur Cravan
Boxe
Jack Johnson

 

Cravan vs Johnson (all rights reserved)
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Jack Johnson
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ARTHUR JOHN JOHNSON

"J'avais honte d'être blanc: un blanc n'est même pas le cadavre d'un nègre."

La description que donne Cravan du champion noir ressemble si fort à un autoportrait qu'on ne peut douter qu'il a reconnu en Jack Johnson un alter-ego: "C'est un escroc et à d'autres moments un véritable enfant. Hors du ring c'est un homme à scandale - je l'aime bien pour ça. (...) C'est, dans le sillage de Poe, Whitman et Emerson, la plus grande gloire de l'Amérique. S'il devait ici y avoir une révolution, je me battrais pour qu'on l'intronise roi des Etats-Unis." ("The Soil" n°4)

Portant le prénom même que s'est choisi Cravan, Arthur John Johnson est, comme lui, un objet de scandale pour les bien-pensant, une menace pour l'ordre social. Comme lui, il a du s'exiler. Comme lui, il a vécu des existences multiples autant qu'improbables, vedette de music-hall, proxénète, toréador, agent double et connu des fortunes diverses. Ce sont deux hommes en fuite qui se retrouvent à Barcelone, deux desperados sans argent, ni passeport.

Né à Galveston, le 31 mars 1878, Jack "Lil' Arthur" Johnson livre son premier combat à 16 ans et devient, le 26 décembre 1908, le premier Noir à remporter le titre de champion du monde des poids lourds sur un Blanc, en battant à Sidney le Canadien Tommy Burns.

En 1911, il est à Paris et prévient les boxeurs français "qu'il sera heureux de boxer un ou deux rounds avec eux chaque soir à Magic City".

Le goût de Johnson pour la fête, le champagne, les prostituées et la grande vie scandalise l'Amérique puritaine. Faute de trouver un "great white hope", selon la formule de Jack London, qui puisse battre le champion noir, on le traîne devant les tribunaux, lui reprochant sa liaison avec Lucille Cameron, une jeune fille blanche de 19 ans.

Condamné, en vertu du Mann Act, à un an de prison et 1000$ d'amende le 4 juin 1913, Jack Johnson s'enfuit à l'étranger. Il épouse Lucille et parcourt l'Europe et l'Amérique du Sud, faisant argent de sa gloire et tentant de négocier son retour aux Etats-Unis.

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Le Bal Bullier vers 1900
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En décembre, à Paris, alors qu'il se produit dans un numéro de music hall et danse le tango au Bal Bullier où il rencontre Arthur Cravan.

Le 5 avril 1915, il perd son titre à La Havane contre le gigantesque Jesse "White Hulk" Willard.

Le 23 avril 1916, à Barcelone, il met Arthur Cravan k.o. en six rounds.

Les chemins des deux hommes se croisent à nouveau au Mexique. En décembre 1917, Cravan écrit à Mina Loy: "On a câblé à Johnson pour qu'il vienne ici. La boxe est très à la mode." Les deux boxeurs en exil tentent sans succès de monter ensemble une académie de boxe.

Le champion déchu se livre aux autorités américaines à San Diego en 1920. Sa peine effectuée, il remonte sur le ring et livre des matchs exhibition jusqu'en 1945.

Jack Johnson meurt dans un accident de voiture le 11 juin 1946.

En Johnson, Cravan a trouvé son double pugilistique, comme Oscar Wilde était son double poétique. Par le combat de Barcelone, Johnson l'a adoubé boxeur et consacré le mythe du poète-pugiliste. En échange, Cravan a transformé le champion déchu, poursuivi pour proxénétisme, en figure poétique, en "Roi des Etats-Unis".

© Emmanuel Pollaud-Dulian
(Paris - octobre 1998)

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