LES EXCENTRIQUES
ARTHUR CRAVAN - INTRO ET SOMMAIRE
Arthur Cravan
Calaca
Ressuscité

FABIAN LLOYD
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GUERRE
CALACA
VIVANT

 

ARTHUR CRAVAN RESSUSCITÉ ?

"Je suis ici parce que la vie n'a pas de solution".

Arthur Cravan est officiellement déclaré mort en 1920. Pourtant, vingt ans plus tard, Julien Lévy, le beau-frère de Fabienne, la fille d'Arthur et Mina, reçoit la visite d'un jeune poète qui lui déclare: "Je suis hanté par un homme nommé Cravan. J'ai la quasi certitude qu'il n'est pas mort."

Le jeune homme n'est ni le premier, ni le dernier à ne pas croire à la mort du poète-pugiliste. A l'annonce de sa disparition, sa mère et son frère Otho commencent par en douter et préfèrent croire que l'incorrigible Fabian a planté là sa femme enceinte et fichu le camp avec les économies du ménage.

A leur décharge, il faut avouer que l'ancien Cravan, celui d'avant la rencontre avec Mina Loy et le début de la métamorphose en ange, n'aurait pas reculé devant un tel stratagème. N'avait-il pas essayé d'extorquer de l'argent à sa mère en se prétendant à l'article de la mort? En 1912, alors qu'il cherche à se faire connaître, il caresse un moment l'idée de disparaître quelque temps et de laisser courir le bruit de sa mort: "Il y aura un soi-disant comité pour la publication de mes oeuvres posthumes et nous tâcherons d'avoir une petite réclame à l'oeil." (Lettre à Nellie Lloyd)

   
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Cravan continue de se manifester quelques années après sa mort.

Picabia ressuscite son ami en février 1919. Il publie dans le huitième numéro de sa revue "391", publiée à Zurich, une annonce ainsi rédigée: "New York. Cravan, professeur de culture physique à l'académie athlétique de Mexico, va prochainement y faire une conférence sur l'art égyptien."

Le 9 mars 1919, Nellie reçoit un mystérieux télégramme, prétendument signé Cravan et lui donnant son adresse à Buenos Aires. Maria Lluisa Borras ( "Arthur Cravan, une stratégie du scandale") suggère qu'il s'agit là d'une tentative désespérée de Mina pour obtenir des nouvelles de son mari disparu.

En 1920, le nom de Cravan figure parmi la liste des Présidents du mouvement Dada et, dans "Dada n°6", quelques aphorismes, à la manière de ses critiques d'art dans "Maintenant", sont publiés sous sa signature.

Il semble qu'il faille, hélas, se résigner à admettre que le poète est bel et bien mort au Mexique en 1918, à quelques jours de l'Armistice.

On voit mal en effet un homme du caractère et de la taille de Cravan se fondre dans la foule et finir ses jours dans un anonymat tranquille. Vivant, Cravan eut continué à faire parler de lui.

Et surtout son amour pour Mina était si fort, et son désespoir loin d'elle si terrible, qu'on ne peut croire qu'il n'aurait jamais cherché à la revoir. De Mexico, il avait écrit à Mina, restée à New York, la suppliant de venir le rejoindre. Ses mots sonnent étrangement prémonitoires: "Mina de mon âme, (...) je suis comme l'homme qui va se noyer; il me semble inutile de me débattre."

Sa mort n'est donc feinte qu'au sens où l'entendait Jean Cocteau: "Amis, faites semblant de pleurer puisque le poète ne fait que semblant de mourir."

© Emmanuel Pollaud-Dulian
(Paris - octobre 1998)

Le Mexique d'Arthur Cravan.

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